lundi 30 mars 2009

Monique Wittig


Née en 1935 à Dannemarie dans le Haut-Rhin (France), Monique Wittig a été l'une des fondatrices du Mouvement de libération des femmes. Le 26 août 1970, en compagnie de quelques femmes, elle déposait à l'Arc de triomphe une gerbe à la femme du soldat inconnu - évènement considéré comme le geste fondateur du mouvement féministe en France [1].
En 1971, on la retrouvait aux Gouines rouges, premier groupe lesbien constitué à Paris. Elle participa également aux Féministes Révolutionnaires.
Soutenu par Marguerite Duras, son premier livre, L'Opoponax reçoit le Prix Médicis. Ses oeuvres littéraires suivantes ne passent pas inaperçues : Le corps lesbien, Les guerillères...
En 1976, elle quitte Paris pour les États-Unis, où elle a enseigné dans de nombreuses universités, notamment à l’Université de Tucson où elle donna ses derniers cours entre autres, au département des Études sur les Femmes, avant de mourir le 3 janvier 2003 à Tucson (Arizona, États-Unis).


Monique Wittig s’autoproclame « lesbienne radicale », formule qui désigne autant une préférence sexuelle qu’un choix politique. Ce choix se retrouve dans ses livres, et Monique Wittig ne mettra plus en scène que des femmes. Pour éviter toute confusion, elle précise : « Il n’y a pas de littérature féminine pour moi, ça n’existe pas. En littérature, je ne sépare pas les femmes des hommes. On est écrivain, ou pas. On est dans un espace mental où le sexe n’est pas déterminant. Il faut bien qu’on ait un espace de liberté. Le langage le permet. Il s’agit de construire une idée du neutre qui échapperait au sexuel ».
Théoricienne du féminisme matérialiste, elle dénonce le mythe de « la femme », met en cause l'hétérosexualité comme régime politique, base d'un contrat social auquel les lesbiennes refusent de se soumettre : « La femme n'a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes » en 1978.
Cela doit se comprendre dans le sens où, pour elle, la catégorie « femme » a été créee par et pour la domination hétérosexuelle-masculine et que par conséquent, une femme qui ne répond pas aux critères de "féminité" dictés par l'hétéronormativité et qui ne se soumet pas à l'"homme" n'est pas une femme mais une lesbienne. Wittig appelle ainsi toutes les femmes à devenir "lesbiennes", le mot étant entendu d'un point de vue politique, pour un affranchissement de la classe femme, et non plus du point de vue de l'orientation sexuelle.
Monique Wittig développe une critique du marxisme (qui entrave la lutte féministe), mais aussi une critique du féminisme (qui ne remet pas en cause le dogme hétérosexuel), pour aboutir à une critique du dogme hétérosexuel, porté par la « pensée straight ».
À travers ces critiques, Wittig prône une position universaliste forte. L’avènement du sujet individuel et la libération du désir demandent l’abolition des catégories de sexe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire